Enfance et Jeunesse

Publié le lundi 22 mars 2021

 

Rencontre avec cinq « assmats » : Isabelle Champion, installée à Baulon, Alexandra Le Sausse, de Saint-Malo-de-Phily, Valérie Berthelot, Isabelle Posnic et Élisabeth Roland de la Maison d’assistants maternels (Mam) « Le Cocon des enfants » située à Guichen.

Depuis combien de temps exercez-vous ce métier ?

A. Le Sausse : J’exerce ce métier depuis 15 ans.
I. Champion : Depuis 2005, cela fait 16 ans . J’ai fait une pause de 2 ans pour suivre mon conjoint à l’étranger. Cet arrêt m’a fait réfléchir et m’a permis de me conforter dans le choix de reprendre cette profession.
I. Posnic : J’exerce ce métier depuis 21 ans dont 18 ans à domicile. J’ai rejoint la Mam il y a 2 ans et demi. J’avais besoin de voir autre chose, d’être moins isolée.
V. Berthelot : Je suis arrivée à la Mam il y a 5 ans, c’est une reconversion professionnelle. Avant je travaillais auprès des enfants en tant qu’auxiliaire de vie scolaire (AVS). J’ai eu l’opportunité d’intégrer la Mam grâce à Élisabeth car une collègue assistante maternelle partait.
E. Roland : Depuis 2007, j’ai débuté à la maison durant 5 ans puis intégrée la Mam en 2012.

Pourquoi avoir choisi le métier d’assistant maternel ?

I. Champion : À l’origine, je voulais  m’occuper de mes enfants et ainsi pouvoir concilier vie familiale et vie professionnelle plus facilement. Avant de me lancer je me suis renseignée auprès d’autres assistants maternels, mais j’ai découvert le métier en le pratiquant car la formation reste très théorique. C’est un métier où on apprend tout le temps.
E. Roland : J’étais préparatrice en pharmacie, je voulais arrêter de travailler dans le commerce et, afin de concilier la vie professionnelle et la vie familiale, j’ai choisi d’exercer à la maison en tant qu’assistante maternelle. Ensuite, mes enfants ont grandi j’ai éprouvé le besoin d’avoir des collègues, un lieu professionnel ce qui m’a motivé à intégrer le projet de la Mam.
I. Posnic : Avant, je travaillais dans le commerce et j’ai voulu changer. En mettant mes enfants chez une assistante maternelle, cela m’a donné l’envie et l’idée quelques années plus tard. L’expérience avec cette « assmat » a confirmé ce choix. Je rejoins Élisabeth sur le fait que cela m’a permis de mieux concilier la vie professionnelle et la vie familiale.
V. Berthelot : J’appréciais  déjà de travailler auprès des enfants en tant qu’AVS et j’ai eu envie de travailler en Mam suite à un stage que j’ai effectué dans cette structure. Cela a confirmé mon choix de rejoindre une équipe. Je trouve cela plus valorisant. Le travail y est plus diversifié, nous avons un planning à la semaine qui tourne entre nous. Nous avons aussi construit un projet d’accueil commun qui évolue en fonction des collègues qui intègrent au fur et à mesure la structure.
A. Le Sausse : J’aime le métier de la petite enfance, l’enfant de 0 à 3 ans passe par plein d’évolutions très intéressantes et la répétition qui se passe avec chaque enfant accueilli est un pur bonheur. En pratiquant ce métier, je me sens comblée, épanouie.

Qu’est-ce que vous appréciez le plus ?

A. Le Sausse : J’aime me retrouver autour des enfants , c’est un vrai plaisir. Les voir s’épanouir, découvrir de nouvelles choses, progresser dans leur motricité. Grâce aux formations, nous pouvons approfondir nos connaissances et apprendre de nouvelles choses comme le langage des signes. Notre métier évolue.
I. Champion : L’autonomie sur l’organisation des journées (selon les enfants, l’humeur, j’adapte mon organisation), sur le fait de pouvoir choisir nos contrats, nos employeurs. Avec les années, l’expérience, je suis plus proche de ce que j’ai envie et plus à l’aise pour mettre des gardes fous. Aussi, travailler avec les enfants, c’est ressourçant et dynamisant ! J’apprécie chez les enfants leur spontanéité et le fait de vivre au présent.
I. Posnic : C’est valorisant de travailler avec des enfants. Le métier d’assistant maternel est différent à domicile et en Mam. En effet, on a des collègues, une vie sociale plus importante. C’est plus diversifié, on est moins dans la routine. Nous avons une organisation différente chaque semaine. Il y a eu un travail commun intéressant sur le projet d’accueil.
V. Berthelot : Ce que je trouve intéressant en Mam, c’est que l’on travaille en équipe. On échange beaucoup sur des solutions à des difficultés rencontrées dans l’accompagnement des enfants. L’avantage, aussi, c’est de pouvoir se relayer même si l’ »assmat » reste la référente des  enfants dont elle a la garde. Pour les enfants, c’est aussi très riche au niveau de la socialisation car le nombre d’enfants est plus important qu’au domicile.
E. Roland : je trouve que travailler en Mam m’a aidé à mieux concilier la vie de famille et la vie professionnelle.

Vos lieux ressources ?

A. Le Sausse : Même en travaillant chez soi, c’est possible de trouver des moments de ressource. Pour moi, pendant les beaux jours, c’est dans le jardin avec les enfants à jouer avec les jeux extérieurs, jeux d’eau… Sinon, petite balade en forêt. Aller aux activités multiples du Ripame, même avec le Covid, cela fait du bien de voir d’autres personnes. Reprendre une vie un peu normale, c’est important pour nous comme pour les enfants. Et bien sûr, se retrouver en famille le week-end, autour d’un repas ou d’une ballade à vélo.
I. Champion : En ce moment, c’est un peu compliqué mais l’ouverture des ateliers d’éveil sur Baulon font du bien. On se sent moins isolée, on peut échanger, discuter avec l’animatrice Ripame, d’autres collègues assistants maternels sur des situations qui nous posent problème ou qui soulèvent des questions. Cela nous conforte dans ce qu’on fait, c’est rassurant, cela nous donne des pistes, cela nous permet d’avancer. Chacun prend l’expérience de l’autre. Ces échanges permettent de dédramatiser, de se rassurer.
Équipe de la Mam : La Mam se suffit à elle-même parce que nous avons des intervenants extérieurs, nous avons pu contacter la médiathèque de Guichen avec qui nous avons organisé des temps de bébés lecteurs et l’association Au fil des sons pour mettre en place de l’éveil musical mais, avec le Covid, tout s’est arrêté. Nous avons aussi un jardin où les enfants peuvent sortir et nous allons régulièrement en ballade.

Vos moments préférés avec les enfants ?

I. Champion : Quand on fait face à une difficulté et qu’on arrive à trouver des solutions, par exemple pour le sommeil perturbé d’un enfant récemment. Le matin, quand les enfants arrivent en vous tendant les bras. Quand vous les croisez quelques années plus tard et qu’ils vous reconnaissent et viennent à votre rencontre. Partager avec un enfant une histoire, une comptine, les moments d’échanges de discussions, de partage. Quand l’enfant refait une comptine signée à vos côtés, j’éprouve de la joie à transmettre.
A. Le Sausse : Avec les enfants, il y a pleins de petits moments agréables : leur premier « taty » pour me nommer, leurs petits câlins, leurs bisous avec la main quand ils partent, les voir jouer et s’amuser ensemble. Faire des activités manuelles avec eux et voir leur fierté en les montrant à leurs parents. Tous leurs progrès.

I. Posnic et E. Roland : Nous apprécions beaucoup donner un biberon, c’est un momentcalme etprivilégié avec l’enfant. Nous aimons également les moments de bricolages, de lecture d’album, les temps de chansons. En ce moment, c’est  l’histoire de la chasse à l’ours, les enfants participent beaucoup en chantant et en dansant.
V. Berthelot : Les moments des repas, surtout durant la période de diversification, sont également des moments de partage que j’apprécie. Nous avons chacune notre semaine où l’on cuisine et j’apprécie tout particulièrement quand les enfants aiment les repas que je prépare. J’aime aussi établir les menus diversifiés.

Si vous deviez changer un élément de votre quotidien…

Équipe de la Mam : Une contrainte est de faire des formations le week-end pour ne pas déranger les parents.
A. Le Sausse : Notre quotidien d’assistante maternelle ne se résume pas qu’à garder des enfants, il y a une recherche de l’éveil, de l’épanouissement, du bien-être de l’enfant. Mais il y a les à-côtés, les documents réglementaires à remplir, les différents calculs. C’est intéressant mais cela prend du temps. Ce sont des documents qui sont fait pour nous protéger. Mais c’est le côté moins plaisant de notre métier.
I. Champion : Au fil des années, j’ai trouvé mon organisation, mes repères. Le bonus, ce serait d’avoir plus de temps avec mes employeurs autres que ceux du matin et du soir pour bénéficier de plus d’échanges et d’écoute.

Vos conseils à des personnes intéressées par ce métier ?

I. Champion : De choisir vraiment ce métier. Je suis arrivée par hasard mais j’ai de la chance car j’ai aimé ce métier. Le métier se professionnalise de plus en plus et c’est tant mieux. Tous les 5 ans, notre agrément est à renouveler et c’est l’occasion de se remettre en question. Aussi, tous les 3 ans au départ de l’enfant à l’école, on se remet aussi en question, on change de rythme, on se réadapte. C’est un éternel recommencement. À certains moments, une petite routine peut s’installer, ça peut paraître redondant, d’où l’intérêt de trouver des ressources extérieures tels que les ateliers d’éveil, les sorties à la bibliothèque, participer à des spectacles, aller au zoo. Pour pallier à ce sentiment d’isolement qui peut advenir. Ma crainte, c’est qu’il y ait de moins en moins de modes de garde.
A. Le Sausse : Est-ce que la personne se voit travailler dans son lieux de vie ? Après, il y a aussi la Mam. Penser à son organisation entre famille et travail. Prendre conscience que c’est une décision à prendre en famille. L’assistante maternelle est là pour prendre le relais des parents (pas leurs places), l’accompagner lui donner de l’affection. La communication avec les parents est importante pour le bien de l’enfant.

I. Posnic : J’ai exercé à domicile tant que mes enfants étaient à la maison et j’apprécie maintenant de travailler en Mam.
V. Berthelot : Moi, par contre, je voulais tout de suite intégrer une Mam pour scinder le lieu de travail et le domicile. Et jesouhaitais travailler avec une équipe même si ce n’est pas toujours facile pour tout le monde de travailler en structure. J’ajoute qu’il est nécessaire d’être patient, bienveillant. Il faut pouvoir supporter d’être en collectivité car c’est un environnement plus bruyant qu’au domicile,  et plus fatiguant.
E. Roland : Je pense qu’il est important qu’il y ait une pluralité de modes d’accueil pour que les parents puissent avoir le choix de leurs modes de gardes.

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